jeudi 4 septembre 2014

"TARZAN" (seigneur de la jungle) - E.R.BURROUGHS - B.HOGARTH - (1967) AZUR Editions.


J'aurais pu titrer... "Le Premier super-héros" ?

"TARZAN" au départ nommé "Tarzan des singes"-"Tarzan of the Apes" par son créateur Edgar Rice BURROUGHS en 1912, ne possède pas de super pouvoirs. Il n'a pas subi les effets radioactif de l'Araignée, ni autre Kryptonite, ni rayons sortant de ses mains / yeux mais il deviendra un immense succès littéraire (20aine de Romans et Nouvelles).

Ensuite rallié par le cinéma (muet et parlant)  le Seigneur de la Jungle va crever l'écran avec son cri légendaire, perçant la jungle devant les spectateurs eux mêmes enfants de colonisateurs.

Mais la BD est là et aide énormément au succès de TARZAN dans les années 1930 : jusque là la BD américaine (tout comme l'Européenne) était exclusivement vouée au comique, d'où son nom générique de "Comics". Mais arrive "TARZAN" qui sera la PREMIERE BD d'aventure en 1929 avec cette adaptation, parue en strips quotidiens et en pleine planche couleur le Dimanche, dessinée (d'abord par Harold FOSTER) par Burne HOGARTH qui définitivement marquera le style.
 
 

Les décors sont d'un baroque stylé, remplis de fauves et de sauvages cruels. Les mouvements sont dessinés avec ampleur et expression, les musculatures sont anatomiques, saillantes et préfigurent déjà les allures des  FLASH GORDON, SUPERMAN et autres héros Américains à venir.

Les Couleurs, l'absence de phylactères : seules les vignettes de texte non délimité en bas des cases rendent compte de l'intrigue à lire, les expressions et une galerie de personnages divers  ainsi qu'un bestiaire Africain absolument sublime et authentique, tout cela offre un plaisir de lire le mythique Héro dans une édition ancienne et avec un dessin américain qui est légendaire tant dans le style que dans le talent, et ici en particulier d'Hogarth.



 TARZAN (moitié homme moitié animal) est donc un Héro exotico-ecologique dit-on. Emprunt de justice avant la force, "naturellement bon et sans défaut, vivant dans un cadre naturel que seule la Civilisation corrompt lorsqu'elle pénêtre cet univers primitif" écrit Robert AHIER dans la préface du receuil. 
Burne HOGARTH dira : "TARZAN n'est pas un homme déterminé mais l'HOMME même" (mai1967 -N.Y.C.).
Burne HOGARTH (à droite.)


 D'ailleurs en lisant TARZAN on voit la perfection et la possible évolution de l'Homme. Il tue, en revanche ; animaux, humains c'est une vision animale de supprimer l'indésirable, mais on s'appercevra que TARZAN de nombreuses fois dans les récits évite le combat,  rejette la tuerie, et même bien plus souvent que nous en avons l'habitude de nos jours lorsque l'on allume le Télévichieur, Tarzan sauve ses ennemis qui désemparés devant tant de bonté, viennent à lui en ami, en frère, en allié.



Ecologie aussi il en est question dans les récits car ce que "dénonce" TARZAN c'est l'arrivée des explorateurs Européen ou autres qui vont corrompre la Nature : la belle et généreuse nature, la cruelle et puissante nature, dont les animaux et Tarzan ont acceptés les règles sans la défigurer. 

On y trouve l'Histoire de "Tarzan et les Boërs" qui débute par un conflit entre Tarzan et Taug (un Orang-Outan puissant prétendant Roi des singes), puis l'arrivée des Van Boërs une famille Hollandaise qui ont acheté des terrains dans la jungle, des parcelles cédées par Dishtack le Chef de Tribu mais qui fera preuve de félonie et non respect du contrat...
Le dessin s'avère fragile et les contours pas encore très assumés pour cette histoire. La maturité et style va être cimenté au cours des récits suivants.

"Tarzan et N'Ani", l'excellente histoire aussi de "Tarzan dans l'île de Mua-Ao" ou des Néo-Zélandais vont capturer le seigneur de la jungle et le faire prisonnier dans un sous-Marin. Tarzan devra également se vêtir d'un scaphandre pour un combat au coutelas contre une pieuvre géante !

"Tarzan et les Ononos" est des plus fantastique avec ces hommes-monstres qui semblent sortis de l'univers des "Mystères de l'Ouest". "Tarzan et les aventuriers"
En définitive c'est un véritable plaisir de lecture de reprendre "TARZAN" avec l'oeil "historique", le recul nécessaire, et une certaine tolérance à la naïveté de certains récits, des rebondissements fréquents et des scénarii bien moins ratés que ce que j'ai pu lire parfois en cette année 2014 !

Les Editions "SOLEIL" avaient je crois réédité la plupart des histoires dans les années 90.

Indispensable, talentueux, historique et collector.


mercredi 27 août 2014




Lucky LUKE -  MORRIS & GOSCINNY -  DUPUIS / DARGAUD Editions.

Faire un choix genre "Top 5" dans les mythiques sagas de Lucky Luke, Astérix, Gaston et autres c'est cornélien et sans doute inutile car ce sont des lectures toujours agréables avec des scénarii simples et efficaces. 
Nous avons toutes et tous un/des album dit "fétiche".
Cependant il y a des albums "historiques" qui posent des jalons dans la carrière de leurs auteurs et du héro au sein de leur saga. 
Voici ma sélection personnelle toujours issue de ma BéDéthèque, comme d'habitude.


 "Sur la piste des Dalton".
Prépublié en 1960 dans l'hebdomaire "SPIROU" et paru chez DUPUIS en album en 1962.

Album important dans la saga puisque des nouveautés sont apportées et nous entrons dans "l'âge d'Or" de "celui qui tire plus vite que son ombre".

Le scénario n'a pas la richesse des albums qui suivront, Goscinny développe des petites séquences de gags autour de la poursuite des 4 célèbres bandits mais néanmoins on entrevoit les prémices de "l'âge d'Or" de Lucky LUKE. Cet album introduit surtout quelques nouveautés qui posent les bases du succès futur mais sans proposer une histoire riche et pleine de rebondissements.

Tout d'abord, c'est la première apparition du chien anti-héros RANTANPLAN en parfait contre-courant du chien Américain RINTINTIN issue de la série et lui même doté de toutes les qualités de bravoure et d'héroïsme ; Rantanplan impartial et à côté de la plaque va suivre naïvement aussi bien Lucky LUKE que ses ennemis les DALTON ... entres autres bévues et maladresses !

Ce nouveau personnage va également venir en opposition à l'autre animal déjà omniprésent de la série : Jolly JUMPER, le cheval blanc immaculé, fidèle compagnon de route de Lucky LUKE, sérieux et condescendant et qui pour la première fois dans cet album se met à parler ! Il ne cachera d'ailleurs pas son mépris pour ce chien qui lui fait concurrence.

Le scénario est bien de René GOSCINNY ! Les albums brochés (souples) de chez l'éditeur belge Charles DUPUIS ne créditait pas le scénariste de génie, on y lisait "Textes et Illustration  de MORRIS"...à tord ! 

Petite anecdocte : les Dalton prennent la place d'une troupe de mariachis mexicains, préfiguration de l'hilarant  "Tortilla pour les Dalton " qui sortira sept ans plus tard.


"Les Rivaux de PAINFUL GULCH" (1961 / 62) chez DUPUIS, premier album officiellement signé par Goscinny, et considéré comme l'un des meilleurs opus de la série ! Ici pas de célèbre bandits, ni de "méchants" typé, pas d'exotisme l'histoire demeure intra-muros : pas de poursuite ou de grande cavalerie au travers le Far West. Tout se déroule dans une petite ville et ses villageois pour un conflit interne.


Une savoureuse histoire de deux familles voisines (les "O'hara" et les "O'Timmins") dont les raisons séculaires du conflit demeurent non définies mais perdurent néanmoins dans la ville de Painful Gulch jusqu'à l'arrivée du cow boy...

Qu'elles soient Politiques, Religieuses, Culturelles ou sous l'imbécile argument de couleur de peau, la différence de l'autre, non acceptée,  aura provoquée bien des conflits et guerres depuis l'aube de l'Humanité. 
Dans ce 19ème album, la ville de Painful Gulch ne fera pas exception au grand désarroi (et prises de tête !) de Lucky LUKE qui arrivé "par hasard" sur les lieux, va sans cesse chercher toutes les solutions possibles pour réunir les deux clans. Il va perdre patience et son agacement est des plus hilarant !!

Les femmes du village y jouent un rôle non stéréotypé et surtout, non ridicules contrairement à la violence des hommes. Pour cet album René Gosciny s'est inspiré d'un fait historique : la rivalité de deux familles qui fit douze morts en 1878, les Hatfield du Kentucky et les McCoy de Virginie Occidentale. Elles s'étaient disputées à cause d'un cochon !!
Bref voici un scénario simple, efficace, souvent mentionné par les fans et autres spécialistes du célèbre Cow-Boy et puis surtout pédagogique pour les enfants qui le liront, alors qu'ils sont souvent confrontés à l'école ou ailleurs à la différence de l'autre. 
Lucky LUKE a ce côté "éducatif" en représentant de la justice et du respect: vaste programme! 
D'ailleurs cet album a eu deux couvertures : la première a été censurée pour cause de message de violence (un O'hara et un O'Timmins se tiraient mutuellement dessus à la carabine). La seconde est celle que l'on connaît.

Bien sûr l'humour y est présent comme à chaque fois avec Goscinny !!
Album Indispensable !



 "La Diligence" 



(1968) chez DARGAUD Editeur.
Un road-movie aux caractères cinématographique de par ses clins d'oeil et un scénario absolument E-FFI-CA-CE ! C'est une quasi perfection, Goscinny est un grand conteur qui fait preuve de rythme, de diversité, d'humour évidemment et de rebondissements. 
La cohabitation de compagnons de voyage très différents mais contraints de se souder dans l'adversité.
On y trouve une trahison surprenante, un côté historique et fantastique avec Charles E. "Black BART" BOLTON, de l'action (la Diligence qui dévale la pente), la rencontre avec une tribu indienne et leur superstition de la photographie qui vole leur âmes, les relais permettent les échanges entre les 6 personnalités différentes et qui se révèleront de plus en plus à mesure du périple, et puis le coffre avec le fin mot de l'histoire.
C'est album préféré des lecteurs.

On pense à "BOULE de SUIF", le célèbre roman de Guy de Maupassant, au moins pour ce qui est  d'insérer des protagonistes aux différences sociales et de dévoiler la mécanique du groupe. On pense également à "La Chevauchée Fantastique", le film de John Ford de 1939, avec John Wayne dans le rôle principal.
Cet album fait presque figure d'adaptation du film d'ailleurs, car il existe une vraie similitude avec ses personnages, jusqu'à l'utilisation des caricatures d'acteurs dont John CARRADINE (dans le rôle du joueur de cartes) et Wallace BEERY qui joue le cocher. 

Morris avouera qu'il aurait bien aimé mettre en scène une prostituée comme dans le Western, mais la ligne éditoriale de Spirou (lors de la prépublication) ne permettait pas une telle audace...
On retrouve des clins d'oeil cinématographiques : 
avec les caricatures d'Alfred HITCHCOCK ; Wallace BEERY (acteur américain)
WALLACE BEERY

 et John CARRADINE (autre acteur américain). 
John CARRADINE
              Concernant l'édition, cet album est important car c'est le premier album paru chez l'éditeur français DARGAUD, Charles DUPUIS n'ayant pas pensé à protéger cet album par contrat lors de la pré-publi' dans "SPIROU". Indispensable !

"Des patates et du lard !"  le running-gag  !!!


  

Pour finir en beauté et en barres de rires  :

"Tortillas pour les DALTON"
dernier album chez l'editeur DUPUIS juste avant l'arrivée chez l'editeur Français DARGAUD.

Aucun temps mort, que des rebondissements, une histoire dense et hilarante ! Il figure parmi les meilleurs opus de la saga ou il est question d'exotisme puisque l'on quitte le territoire des Etats-Unis. Il s'en suit une entente  des deux pays voisins. La pauvreté du Mexique est mise en avant (ainsi que l'énorme richesse du seul Mexicain !), les coutumes, la sieste, la langue qui va être le terreau fertile pour les dialogues hilarants d'Averell (au sommet de son art ici), les quiproquos et les négociations intérieures sont denses et bien ficelées ; entres nombreux gag aussi Rantaplan qui va rencontrer son homologue canin : (l'intelligence en plus par contre !) RODRIGUEZ : un minuscule chihuahua !!
Indispensable !  
Pour la première fois Lucky LUKE ne figure pas sur la couverture, les Dalton sont les star !! Cependant le célèbre cow-boy sera ajouté plus tard en vignette haut-gauche... (v.çi-contre).   

A lire également : 
      

  

 "WET MOON" (trilogie) - Atsushi KANEKO - Edition CASTERMAN collection SAKKA (2012)


les deux premiers tomes...
CE MANGA est une TUERIE !!

On a beaucoup parlé du style "Lynchéen" de "WET MOON" ce qui peut réduire et enfermer les sensations nouvelles à la lecture de ce Manga-Polar et pourtant... si ce n'est David LYNCH a qui d'autres pourrait-on penser lorsqu'on lit "WET MOON" ?

Prévu en 3 Tomes, le second volet est paru au printemps 2014.

Voici le synopsis :  "Japon, années 1960. 
Dans la moiteur d'une station balnéaire aux accent de Las Vegas, royaume des faux-semblants et de la corruption, le jeune inspecteur Sata enquête sur le meurtre d'un ingénieur. 
Lorsque ses pas le mènent sur le lieu de travail de la victime (une entreprise fabriquant des modules pour un mystérieux programme spatial) une secrétaire prend la fuite, attirant sur elle tous les soupçons.
Alors que Sata la poursuit, il perd subitement connaissance. 
A son réveil, un éclat métallique est logé dans son crâne, provoquant pertes de mémoires et hallucinations..."


 KANEKO nous offre un Manga très très bien construit. La trame narrative est solide, compréhensible, cohérente, on voit apparaître quelques flash-back et UN effet de couleur (l'imperméable rouge de Komiyama).  
L'enquête se tient (pour les amoureux du détail et du glanage d'indices) mais l'auteur a le génie d'embrumer l'enquête avec une atmosphère, une brise légère d'étrangeté qui envoûte toute rationalité.
Ainsi la lecture navigue entre ces deux tendances : le rationnel nécessaire à l'enquête et un insondable surréalisme pour un style Fantastique.

Ci-dessus une double page (parmi tant d'autres)...que fait Sata subitement sur la lune a regarder surpris la Terre derrière lui ?

Les migraines de Sata égrennent le récit alors que l'on suit l'inspecteur sincère et consciencieux dans son enquête. Des bruits stridents viennent zêbrer les planches, les dialogues, on en devient fou et on n'écoute plus les conversations alentour... nous rentrons dans la peau (la tête) de l'inspecteur !

flash-back
 flash-back

S'il fallait faire le lien avec le cinéma, Atsushi KANEKO le fait déjà dans son triptyque avec Georges MELIES et son visionnaire "Le Voyage dans la Lune" de 1902 (v.planches çi-dessus). Le Cinéaste s'étant inspiré de l'oeuvre de Jules VERNE et de "Les premiers hommes dans la lune" de H.G.WELLS. Fréquemment cette figure lunaire va apparaître tous le long des 2 tomes du manga... avec des séquences du film. KANEKO a du être très proche du cinéma SF / Fantastique Américain et Européen du siècle dernier.
En remontant toute cette filialité d'inspirations nous sommes en compagnie de visionnaires.
Et puis oui, rappelons-le, on pense à David LYNCH...


L'atmosphère est un croisé de "Lost Hyghway" (pour ce qui est du thème de la Mémoire et de la schizophrênie) et de "Twin Peaks" (pour les personnages/lieux atypiques) avec un rythme narratif similaire à ces 2 long-métrages. On pourra trouver d'autres ingrédients et même la moquette zig-zag bicolore de l'Overlook, où les jumelles apparaissent en visions au sein de l'Hotel dans "The Shinning" de S.KING adapté par Stanley KUBRICK. 


Cette même moquette se retrouve tel un écho à la scène du Maître, presque 10 ans après dans la série "Twin Peaks" et surtout dans l'antichambre du Nain. 




 Voila tout cela est dans le menu que KANEKO nous a concocté. Ces détails sont devenus des codes du genre que notre cerveau à enregistré comme le style de l'étrangeté...

 

Il y a les lenteurs nécessaires à la bizarrerie et savamment dosées par KANEKO, jamais ces lenteurs ne sont lourdingues comme le cinéma nous a fait subir parfois (voire trop souvent), tout est parfaitement dosé et surtout envôutant, hypnotisant, fantastique confirmant la richesse des possibilités du 9ème Art.

Les découpes des cases sont dynamiques avec quelques prises de risques et d'effets qui vont rajouter à l'atmosphère. KANEKO opte pour un trait précis, direct, continu, arrondi, épuré.
Le clair-obscur du Manga est magnifique tout au long de la lecture. Certaines planches ultra-détaillées (je pense à la station balnéaire qui tient en double page) viennent confirmer ce que Kaneko possède en virtuosité des dessins d'architecture et qui viennent contrebalancer avec les scènes épurées. L'encrage est profond et dense.
Le livre est des plus agréable avec ce papier typique au Manga, le format également et son sens traditionnel de lecture. La collection "SAKKA" de chez CASTERMAN devrait  être un phare qui va guider mes prochaines lectures Manga.

Un Manga indispensable (sauf pour celles/ceux qui ne supportent ni atmosphère étrange ni le Polar-Fantastique) puisque le travail est fait avec style, culture et habileté narrative et de plus l'auteur a su mettre l'atmosphère qui vous transporte loin dans l'étrange...

Reconnaissez vous cette sensation d' un rêve puissant dont vous avez oublié les 3/4 et que vous passez la journée "entre deux eaux" à chercher son souvenir....ou même à vous demander si vous n'êtes pas encore dans celui-çi ??!
Voilà la sensation de "WET MoON"...


(N'hésitez-pas à cliquer sur les images, et désolé pour la mauvaise qualité des photos.) 



samedi 2 août 2014

"LA FILLE MAUDITE du CAPITAINE PIRATE"- (Vol. 1) Jérémy BASTIAN (2014) - Les Editions de la Cerise -


Je n'ai JAMAIS lu de Bande-Dessinée aussi riche de détails !!
CO-MMENT se laisser aller dans le vice d'une obsédante minutie ? 
Ou l'ultra minuscule qui se cache derrière les protagonistes est encore une autre aventure racontée, où chaque centimêtres carré comportent quelques 3252 hachures, circonvolutions, dégradés d'ombres, etc... etc... ETC... ??

Par quelle patience et précision Jérémy BASTIAN, ce jeune Dessinateur Américain (né au Michigan en 1978), a pu nous offrir ce Premier volume de "La fille Maudite...." ?  Combien de temps UNE PLANCHE, lui demande toute sa concentration ? 
C'est titanesque !!
Les mots me manquent... 
...mais pas les souvenirs : à la lecture de ce 1er Volume c'est Gustave DORE (en moins sombre et glauque) qui me re-vient à l'esprit au travers mes lectures d'avant (La Bible, Les Contes de Perrault, Gargantua, etc...).   

Du coup, lire "La fille Maudite du Capitaine Pirate" c'est une lecture patiente, et la loupe à portée d'main sur la table de chevet siouplè, les yeux en acier chirurgical, prêts pour la dissection !
Une dégustation du trait, une lecture de profond respect pour cet auteur qui s'est laissé phagocyter des milliards d'heures pour nous embarquer dans cette histoire. 
A savourer le caractère (dense ou léger) de chaque ombrages, à être émerveillé de la finesse et de l'exacte réalité d'une mèche de cheveux volants aux embrunts marins, des nervures du bois d'un navire Pirate, et tant d'autres choses que seule la patience et l'amour de la lecture nous est offerte dès les premières pages ...d'un rêve éveillé.

DEUXIEME coup de foudre : le scénario loufoque et halluciné, un trip d'acide, le "easy rider" de la Piraterie en BD, des personnages tout droit sortis des contorsions visuelles que seul le LSD semble en avoir le secret (?)
Attendez si je mens : 2 chevaliers Espadon, en armure, qui se chamaillent et se provoquent sans arrêt en duel d'épées (leur long nez piquant, n'est-ce-pas-donc ...inhabituel ?).
Ou bien ce petit chiot (des mers) sorte d'adorable labrador muni de nageoires et branchies... (j'vous laisse découvrir la Mère de ce dernier : l'hallu est totale) !! Et j'en passes, il vous faut l'entrouvrir en boutique pour entendre la mer en son binaural et en 8.1 vous dis-je !!

Il me rappelle un autre de mes artistes préférés, qui lui aussi a été dessinateur (chez Pilote notamment):  Terry GILLIAM.  
Je retrouves une atmosphère à la "BANDITS, BANDITS", aussi farfelu mais aussi (et surtout) assez philosophique et qui pose les bonnes questions semble t-il. Un récit, ou plutôt un road-movie en pleine Mer (laquelle d'ailleurs ? car ne figurant sur aucune carte connue à ce jour), d'une petite fille au bagoût et au courage impertinent (faisant passer n'importe quelle Femen pour une "Sissi impératrice" dans un salon de nettoyage canin à Neuilly) donc, la petite à la recherche de son Père: un Pirate qui a du vivre quelques déboires auprès de la confrérie. Ou est-il ? Il faudra fouiller au travers 5 grands navires et leur équipage Pirates respectifs...ET LA c'est que du bonheur !   :D

"Même pas peuuuur..." est le Leitmotiv de la fille maudite. Avec son côté presque punk avec ses raisonnements genre "No futur" ou "ça passe ou ça casse !".
Elle fonce et nous en sommes touchés, amusés et amoureux d'elle !  
Ici, c'est toute l'essence de la jeunesse, toute cette fougue sans convenances de nos 14 ans que nous avons perdus dans un pédantisme bourgeois et l'enfermante morale Judéo-Chrétienne, en gros ce que l'on a traduit par "La sécurité". 
Ici la fille Maudite miséricordieuse, nous absout du poids de nos années et nous embarque pour l'hallu-aventure ! 
Le dernier qui avait relevé le challenge était Peter PAN... (gasp en 1911 ?)


Le format et la qualité de la B.D. est au top (merci "Les editions de la Cerise"). Même la tranche du livre et ses deux vignettes oblongues (haut & bas) sont classes. Le dessin est plus que généreux ; il en devient presque monomaniaque de détails, comme si Jérémy BASTIAN s'était servit du dessin comme une catharsis-hypnotique, tel un Yogi proche du Nirvana, qui se perd l'esprit vide dans ses traits, .... ses multiples traits ! ... ses innombrables traits !!
Les intérieurs sont décrits, comme si Gustave DORE avait dessiné le salon de vente d'un antiquaire, riches et bien documentés d'objets d'époque, on a affaire à de vraies gravures sur la période historique de la piraterie. On s'y croirait ! Et tant mieux !!

Une B.D. indispensable car il n'y en a pas des tonnes des O.V.N.I. comme celui-ci dans une bédéthèque...alors oui : indispensable les ami(e)s !

vendredi 27 juin 2014

"BOUCHE du DIABLE" - F.BOUCQ - J.CHARYN - Le LOMBARD (1990)


Un récit en 3 actes, 3 chapîtres qui s'ouvrent tous par une planche de François BOUCQ évidement et qui met en présence, à chaque fois un volatile toujours présent dans cette BD.

Chapître 1 par exemple, une nuées de corbeaux volent en spirale autour de Youri, abandonné à l'âge 4 ou 5 ans en pleine steppe enneigée de Russie...

Chapître 2 : UN corbeau, seul, sur une structure métallique, d'un gratte-ciel Américain en construction...

Chapître 3 : une nuée de volatiles (des colombes cette fois-ci)  tournoient en spirale au-dessus de la Basilique Saint-Patrick.

Dans cette tragique histoire d'espionnage Russe, les volatiles épousent les évènements de la vie de Youri, au début seul abandonné, sans nom, sans personne en plein milieu d'un champs avec ces corbeaux au dessus de lui... puis Youri seul, existant comme espion Russe aux Etats-Unis et rien d'autre, comme ce corbeau seul surplombant le gratte-ciel...
Enfin une Basilique et la pureté de la colombe, Youri aurait-il accès à la rédemption ? Sa secrète foi religieuse qui lui a toujours été interdite l'aurait-elle libérée ?

C'est bien un récit d'élévation que nous propose l'écrivain Américain Jérôme CHARYN, on part de la Nature (steppe Russe) vers la société Capitaliste (structure du gratte-ciel américain) pour finir en pureté spirituelle (les colombes de la Basilique).

Pourtant, de religion il n'en est pas directement question dans ce récit, ou plutôt elle est cachée, silencieuse, tue. Elle reprendra ses droits, symboliquement, à la fin des 120 planches.

Youri enfant abandonné, avec comme signe particulier un bec-de-lièvre (qui lui vaudra le surnom de "Bouche du Diable") est recueillit par une vieille dame qui l'intègre à sa famille de 7 enfants, maltraités par un mari qui a tout des allures d'un ogre. 
Cela commence comme un conte de Perrault.

Youri s'enfuit de cet enfer, seul et se retrouve dans un orphelinat toujours en Russie ou les enfants n'auront de cesse de le harceler et de la maltraiter. Cependant des "visions" de prémonitions lui parviennent durant son sommeil (Boucq choisit le violet pour ces scènes).
Ainsi de l'orphelinat d'Etat de Karkhov il sera selectionné pour suivre un enseignement des plus stricte dans un des centre du NKVD proche de la mer noire, pour en faire un espion efficace.



La parano est en lui, il compte parmis les meilleurs éléments du centre et va devenir l'un de ses envoyés les plus secrets de l'autre côté du monde, dans l'enfer capitaliste de ses ennemis américains. Le camarade Grigory aura juste eu le temps de lui transmettre la foi religieuse, en secret, telle une résistance face à l'interdiction du parti.

Désormais nommé Billy BUD, vivant aux USA avec pour seul confident un Indien (ouvrier des constructions de grattes-ciel, comme lui) Youri muni d'un passé virtuel construit avec précision par ses instructeurs, vit sa vie tel une ombre de lui même... 
Youri ne sait pas qui il est, même son nom lui est inconnu (Youri lui a été donné par la vieille dame), ni sa provenance, ni ses aïeuls...une histoire vide en somme.  Il n'est qu'un outil pour le Parti.
Le voici dans le New York des années 70, avec les recommandations et missions transmises par ses instructeurs Russes... la suite est à lire.

François Boucq offre des planches magnifiques de détails et d'authenticité lorsqu'il dessine New York, le Bronx, et autres décors (la séquence dans les bouches d'égoûts est spectaculaire de rythme et de cadrages par exemple). 
Ses cadrages très cinématographiques comme à son habitude, son encore plus typés ici que dans "La femme du Magicien", autre chef d'oeuvre de BOUCQ et CHARYN. 
Avec François BOUCQ c'est toujours et  toujours une aisance dans le crayonné et une précision du trait mêlé à une impressionnate authenticité sur les sujets dessinés. On ne se lasse jamais de son travail, constant et superbe. En tout les cas moi j'en reste fan depuis plus de 20 ans. Les couleurs sont toutes pertinentes, le rythme envoûtant, pesant aussi nous suit à la trace, nous file, tout au long de la lecture. La fin peut surprendre ou décevoir, à chacun de suivre ce récit jusqu'au dénouement...
Une BD indispensable, un des nombreux piliers de ce siècle de Bande Dessinée.
A noter que Le Lombard en rééditant "Bouche du diable" et "La Femme du Magicien" dans cette nouvelle collection "Signé" offre un très beau travail amélioré des bio des auteurs et d'un cahier graphique (c'est toujours bien venu) pour mieux les celler parmis les plus belles BD.
Je les avais lues en format souple et le rachat dans ce nouveau format est des plus classes.

mercredi 25 juin 2014

"AZIMUT" (Tomes 1 et 2) - W.LUPANO et J.B. ANDREAE - Vents d'Ouest (2012-13)


Sublime plongée dans un pays imaginaire ou l'on croise un lapin très proche de celui d' "Alice aux pays des merveilles" de Lewis CARROLL, où l'on suit un scientifique qui répertorie et analyse les Insectes, oiseaux et poissons Chronoptères pour nous offrir les extraits de cette "Encyclopédie des Chronoptères" en couvertures intérieurs (déjà nous voici immergé dans un monde atypique sans avoir commencé la lecture du récit !!). 
Nous retrouvons également un explorateur sous l'égide de sa Majesté Irénée-le-Magnanime et ce mystérieux et imposant "Mangeur de Temps" qui égrenne le récit en apparition effrayante...bref je ne peux faire la liste des personnages tant ces 2 tomes en offrent une quantité imposante et  tous les plus farfelus les uns que les autres !
Un récit complètement onirique, un croisement d'influences (littérature, 7ème Art, etc...), cette Bande Dessinée réussit avec prouesse une des fonctions première de la lecture d'une  BD : l'évasion, le voyage dans un ailleurs, l'embarquement vers le fabuleux...


Les influences, pour commencer, il y a ce lapin (amoureux !) qui sort directement du monde d'Alice, bavard (et sans sa montre gousset cette fois çi mais qui se verrait bien remplacée par une boussole). Autre influence, celle du Baron de MÜNCHHAUSEN et plus particulièrement la version long-métrage de Terry GILLIAM superbement réalisée en 1988. 
Ici Manie (Aïcha) GANZA (pulpeuse héroïne féministe libre au caractère cynique et bien trempé !) s'échappera du procès de sa Majesté de la même façon que le Baron dans le film : les culottes de femmes et autres jupons se transformant en...montgolfières !! 




 Le Baron CHAGRIN inspirerait sûrement Tim BURTON pour son prochain film autour du noir et déprimant Baron, qui sait ? Et que dire de l'explorateur Quentin de la Pérue qui active ce piège qui le fait tomber au fond de cette cité dans les nuages, accroché in-extremis à une des dernières structures...un vide abyssal sous les pieds : impossible de ne pas penser à Luke SKYWALKER la main fraîchement tranchée par son Père, vous connaissez la scène. 
"La cité des enfants perdus" de Jeunet & Caro nous revient en clins d'oeil, comme une effluve de parfum : les puces mécaniques domestiquées par Marcello (Jean-Claude DREYFUS) et ici par le Baron Chagrin. Et toutes ces mécaniques scientifiques sous cloches style XIXème siècle participe à une grand moment de lecture féerique, fantastique, fabuleux, onirique et philosophique car voici le sujet principal d'AZIMUT : le Temps, la Mort.

Ah oui, au fait...le sujet d'AZIMUT ? 

" Quelque part dans le vaste capharnaüm des mondes possibles, il en existe un où, on reste profondément outré par l'idée de la vieillesse et de son issue tragique : la mort.
Mais a-t-on la possibilité d'y échapper ?
Ailleurs peut-être pas, mais dans ce monde là, il est permis de le penser.
C'est en tout cas la théorie du vieux professeur Aristide BRELOQUINTE qui occupe son temps à étudier les caprices du temps à bord du LAPS, son navire-laboratoire. 
C'est aussi l'avis de la belle Manie GANZA, qui semble convaincue que le temps c'est de l'argent, et même des espèces sonnantes et trébuchantes.
Chimère ! diront certains, non-sens diront les autres." peut-on lire en 4ème de couverture.

Et ensuite de feuilleter les pages, debout chez votre libraire préféré, c'est la claque visuelle : le dessin et les couleurs par Jean-Baptiste ANDREAE sont.... superbes. J'en reste "sans encre" pour décrire ce talent ...

C'est difficile de reporter l'émotion de lecture tant dans la forme que dans le fond, avec "AZIMUT"...
et puis il me reste qu'une chose à écrire : lisez-les 2 tomes, achetez-les, offrez-les, prêtez-les, ou empruntez-les, vous serrez instantanément absorbés, addict et comme moi et beaucoup d'autres...
.... nous attendons la suite avec une TREEES grande impatience... à en perdre nous même le Nord !!
 Bande Dessinée-Clé indispensable pour rêver et refléchir sur la notion du Temps.

 

samedi 21 juin 2014

"KZ Dora" Robin WALTER -  Des ronds dans l'O (2010-2012)

Nominé pour le Prix des Lecteurs 2011 au Festival de la BD de Massillargues-Atuech.
Prix du public au Salon du Bourget 2012.

Pierre WALTER, le grand-père de l'auteur de ce dyptique, aura passé quelques 3 années dans ce camp d'extermination Nazi à Dora-Mittelbau (commune de Nordhausen).
Proche du camp de Buchenwald dont il est alors une dépendance depuis août 1943, Dora est un des plus meurtriers, on y fabrique essentiellement les missiles V2 (et V1) par le travail consciencieux des scientifiques.

Pierre WALTER a pris des notes durant sa survie au camp, il les a cachées durant des décennies entières puis les a ressorties aux années 2000 pour l'occasion de cette BD en noir et blanc dessinée par son petit fils et pour que tous ses lecteurs puissent garder en mémoire cette effrayante et stupide page de l'Histoire... 

 






















Une Bande Dessinée en deux tomes ou le récit parfois semble décousu avec de fréquents sursauts dans la trame de l'histoire de ces 5 personnages (on passe d'un personnage à l'autre toutes les 4 ou 5 planches) ; et par exemple, reconnaître les différents protagonistes de cette fresque demande quelques efforts, le dessin bien que très réussi et très riche en détails les plus minimes, n'offre pas de grande diversité quant aux visages des personnages, c'est personnellement l'effet que la lecture a produite sur moi. Le style semble Américain comics (un peu) et l'effet est des plus plaisant.



On est loin du chef d'oeuvre "MAUS" (seul et unique Prix Pullitzer en BD jusqu'à ce jour) de Spiegelman mais déjà je commet l'erreur en les "comparant"..."KZ Dora" même sur un thème et une page de l'Histoire similaire à "MAUS", traite l'holocauste d'une autre façon, d'un autre angle, celui-çi moins littéraire, moins romanesque mais plus documentaire, une façon de reporter les évènements et détails voire jusqu'aux plans du camp et bien sûr aussi  la cruauté y est plus franche, plus crue, plus démonstrative dans l'ouvrage de Robin WALTER et sans voyeurisme.


Pour moi c'est un indispensable, pour d'autres sûrement moins, pour la mémoire, pour l'Histoire, pour les générations futures (si la lecture fait partie de leur existence) pour celle du grand-père de Robin et ces nombreux autres...
Les quelques menus défauts et imperfections dans cette BD ne suffisent pas à ne pas la ranger sur nos étagères parmi les plus réussie du 9ème Art. Part ailleurs, Robin WALTER intervient régulièrement dans les collèges et lycées qui étudient l'Histoire pour présenter cette mémoire et l'horreur de cette guerre via son dyptique.
1945 dans l'Histoire de l'Homme, c'est comme ci c'était avant hier... c'est aujourd'hui qu'il faut être vigilant par la prise de conscience en lisant "KZ Dora".
Enfin on trouvera les notes de Pierre WALTER restituées en fin des deux volumes et la préface de Stéphane HESSEL ( Ambassadeur de France, rescapé de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en 1948).



vendredi 6 juin 2014

" LA POSITION du TIREUR COUCHE " Jacques TARDI - MANCHETTE - Futuropolis (2010)

Jean-Patrick MANCHETTE romancier Maître du polar noir. Jacques TARDI, va une fois de plus ("Le petit bleu de la côte Ouest") reprendre pour la Bande Dessinée le roman de son ami.
Le récit est froid, chirurgical, sans ornements, descriptif comme une déposition de commissariat, ou encore ... STOP... un télégramme...STOP...des faits relatés c'est tout.
Le froid vient du grand Nord pour descendre un peu plus au sud comme le trajet du personnage principal  Martin TERRIER.

"C'était l'hiver et il faisait nuit. Arrivant directement de l'Arctique, un vent glacé s'engouffrait dans la mer d'Irlande, balayait Liverpool, et filait à travers la plaine du Cheshire où les chats couchaient frileusement les oreilles en l'entendant ronfler dans la cheminée ."

 Voici comment débute la lecture de cette B.D.


Martin TERRIER, tueur à gages méthodique, efficace, pourri à certains moment même, après 10 ans, annonce la fin de sa carrière. Il "se retire".
Cela ne convient guère à son boss et la poursuite est lancée. 
Martin TERRIER crois en son amour de jeunesse et la promesse des retrouvailles auprès d'Alice (fille de bourgeois) après une décennie de contrats d'exécutions. 
Martin TERRIER n'éprouve aucune estime pour son père, ce ribot obscène et ridicule qui, l'alcool aidant, s'affiche en public chaque soir au troquet du coin. 
Une mère ?... y'en a pas. 
Martin TERRIER avait aussi confiance en son "banquier" maître ès blanchiment d'argent. 

Malheureusement, on s'en doute tout cela est voué à la dégringolade d'une noirceur exemplaire.


































Tardi qui dessine Paris des années 70 et ses trottoirs luisants de pluie, les D.S., les 504, les Capri, Boulevard Lefebvre, la rue de Varenne, Place de la Nation, Avenue Montaigne, Tardi nous guide dans Paris qu'il dessine depuis des années avec vécu et style.

Martin a vissé son silencieux. Il fume un clope dans son camion. 
Le couple à sa hauteur, il loge une balle dans la tête de Monsieur, fait voler son cerveau sur Madame, qui crie. 
Une balle dans son torse à cette truffe lui apprend à fermer sa gueule.

Voilà le ton est donné dès les premières planches.

"Elle finit comme il se doit, cette histoire, amèrement et avec un goût de Picon, sous les rires des Français moyens, ceux de Blondin dans "Un singe en hiver". Martin Terrier a perdu ses moyens, il est sur le comptoir d’un bistrot, danse sans grâce, a rejoint les siens : les sans-gloires. " Nicolas Ramirez


A lire mais après "Casse-Pipe à la Nation" et "121 rue de la gare" (de Léo MALLET) qui avec un style plus abordable à mon avis sont les deux chef d'oeuvre principaux de TARDI dans ce style Polar.